Le verdict de la cour d’assises de l’Aveyron s’est fait attendre jusque tard dans la soirée vendredi, dans le procès des accusés de la tuerie de Millau. Des acquittements et des peines de 1 an avec sursis à 15 ans ont été prononcées. Les détails dans le direct.
Initialement annoncé à 14 h, le verdict de la cour d’assises de l’Aveyron a été prononcé vers 21 h 15 à l’encontre des 18 accusés de la tuerie de Millau. Visiblement, les débats au sein du jury ont pris plus de temps que prévu. Ce sont finalement les frères Taoufik et Morad Laanizi qui ont pris le plus lourd avec 15 ans de réclusion criminelle (17 et 20 ans avaient été requis).
Les trois magistrats professionnels et les six jurés aveyronnais avaient à répondre à près de 300 questions relatives aux faits de « violences aggravées, assassinat et tentative d’assassinat ». La justice a ainsi caractérisé les événements du 10 mai 2010 à Millau, où un homme, Jean-Ronald d’Haïti a été tué, et un autre a frôlé la mort lors d’une expédition punitive armée. Mais la question d’une modification de ces qualifications a également été étudiée lors du délibéré.
L’avocat général Jérôme Laurent avait requis, mardi 25 novembre, l’acquittement pour huit accusés et des peines allant de trois ans avec sursis à 20 ans de réclusion criminelle pour les dix accusés dont il estimait la culpabilité avérée.
Lire aussi : 20 et 17 ans de prison requis contre les frères Laanizi
Dix-huit accusés pour un assassinat: la cour d’assises de l’Aveyron débute lundi à Rodez le procès marathon d’un groupe d’hommes accusés d’avoir donné la mort à un Antillais de 20 ans, lors d’une « expédition punitive » à Millau en 2010. C’est un procès hors norme qui débute ce lundi à Rodez. Pour traiter cette affaire compliquée, les jurés sont réquisitionnés pour deux mois, jusqu’à la fin novembre, et le palais de justice de Rodez a été spécialement réaménagé. Le procès devrait débuter réellement mardi, la première journée étant consacrée à la composition du jury et l’appel d’un grand nombre de témoins.
La victime, Jean-Ronald d’Haïty dit « Scra », avait 20 ans. Né dans la partie française de l’île antillaise de Saint-Martin, d’une famille originaire d’Haïti, il vivait depuis peu dans le centre ancien de Millau. Et dans la sous-préfecture de l’Aveyron, le récit de sa mort marque encore les esprits.
Le soir du 8 mai 2010, une vingtaine de jeunes, majoritairement encagoulés ou encapuchonnés, se ruent place Foch et forcent la porte de l’appartement de Jean-Ronald. Ils sont armés de couteaux, de battes de base-ball et même d’un sabre de samouraï. Jean-Ronald tente de fuir par une fenêtre. Il reçoit un coup de couteau dans le dos et un autre en plein cœur.
Les amis antillais avec lesquels il passe la soirée sont parvenus à s’échapper. L’un reste caché dans les toilettes. Trois autres sautent du deuxième étage: une femme se fracture alors une jambe et un homme, une fois dans la rue, est coursé, attaqué à coups de couteau, assommé.
Quatre ans après, 18 hommes comparaissent pour « assassinat », « tentative d’assassinat » et « violences aggravées ». La peur des représailles, les menaces et les revirements dans les déclarations ont rendu l’enquête difficile mais le dossier évoque de « lourdes charges ».
L’accusation a reconstitué le scénario d' »une expédition punitive » visant « les Antillais ». Elle pourrait avoir été menée par deux des accusés, deux frères nés à Millau, de famille marocaine: Morad Laanizi, 26 ans et Taoufik Laanizi, 32 ans.
Quelques semaines auparavant, Morad avait eu la mâchoire fracturée dans une bagarre avec un Antillais habitant à la même adresse que Jean-Ronald. Les investigations n’ont pas établi de liens entre ce conflit – au motif indéterminé – et un éventuel trafic de produits stupéfiants. Animés par l’esprit de vengeance, les deux frères auraient pu entraîner amis et connaissances dans l' »expédition punitive » afin d' »aller niquer les Blacks« , selon diverses sources citées par l’accusation. Cependant, Taoufik Laanizi a toujours nié toute implication dans les faits.
L’avocat Henri Aimonetti, représentant la famille du défunt qui vit à Saint-Martin, évoque « un dossier compliqué dont l’instruction n’a peut-être pas démêlé tous les fils« . « A priori personne n’est identifié comme étant le criminel (ayant porté les coups mortels, ndlr). Et sauf coup de théâtre lors des débats, la cour devra statuer sur un groupe d’individus« , dit-il. Pour lui, la victime était « un garçon qui n’avait pas de problèmes ». « A priori il n’avait rien à voir avec la bagarre évoquée ni avec le trafic de drogue ». « C’était un Saint-Martinois qui avait quitté son île pour venir à Millau et ne cherchait qu’à s’intégrer, un gamin calme, discret« , renchérit un habitant de Millau, Yves Iscayesa, ancien postier d’origine guadeloupéenne.
Après le drame, une éphémère association « Scra » avait été créée. « On avait joué le rôle de grands frères pour faire retomber la tension, éviter des représailles, et il n’y avait pas eu de problèmes« , raconte encore Yves Iscayesa. Car le drame « avait été marquant pour Millau, où il n’y a pas de banlieues ni de quartiers mal famés ni d’ailleurs de +communauté antillaise+ organisée« , assure-t-il.
Deux mois avant ce procès, Millau a cependant vu des craintes se réveiller, après une autre affaire de violences en bande organisée. Cette fois, ce sont huit jeunes Antillais qui ont été mis en examen et écroués en juillet. Ils sont soupçonnés d’avoir violemment agressé à l’arme blanche trois rugbymen internationaux (Aurélien Rougerie, Benjamin Kayser et Julien Pierre) de passage à Millau avec leur club, Clermont.
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Millau : on connaît les dates et le lieu du procès du meurtre de Jean-Ronald : 29 septembre 2014
Après de longs mois d’investigations, le procès du meurtre de Jean-Ronald, décédé de plusieurs coups de couteau en mai 2010 à Millau, va enfin avoir lieu. Celui-ci débutera le 29 septembre prochain devant la cour d’Assise de l’Aveyron. Le palais de justice de la préfecture sera spécialement réaménagé pour l’occasion.
C’est officiel, on connaît enfin les dates et le lieu du procès du meurtre de Jean-Ronald d’Haïti. Celui-ci se déroulera bien devant la cour d’Assises de l’Aveyron, à partir du 29 septembre prochain pour se conclure deux mois plus tard, aux alentours du 28 novembre.
Au total, 18 des 24 mis en examen dans cette affaire rejoindront le banc des accusés, les autres – essentiellement des mineurs au moment des faits – ayant bénéficié d’un non-lieu. Ils y seront jugés pour assassinat, tentative d’assassinat et violences aggravées.
Au vu du caractère hors-norme du dossier et du nombre d’accusés, de nombreuses pistes de lieu situé sur le territoire du chef-lieu du département avaient été envisagées pour délocaliser le procès. Or, aucune n’a donné satisfaction à la justice, laquelle a décidé de finalement l’organiser au palais de Justice de Rodez, ce qui ne se fera pas sans de nombreux réaménagements des locaux.
Pour mémoire, Jean-Ronald est décédé dans la nuit du 8 mai 2010 à l’issue d’une expédition punitive menée dans un appartement de la Place Foch. Tué de plusieurs coups de couteau, il était âgé de 21 ans et faisait partie de la petite communauté antillaise installée dans le centre ancien de Millau. Le soir du drame, deux autres personnes et amies de la victime avaient également été blessés par ce groupe d’assaillants ultraviolents et visiblement revanchards.
Après de longs mois d’investigations particulièrement coûteuses, les magistrats sont arrivés à « figer » les positions des nombreux protagonistes dans l’appartement, le soir du drame. Ils ont également acquis la certitude qu' »une rivalité interethnique, avec plusieurs altercations entre les Antillais et les Maghrébins de Millau, sur fond de rivalité amoureuse pour les uns, de concurrence sur trafic de stupéfiants pour d’autres » est à l’origine du drame.
Aujourd’hui, la tenue de ce procès est très attendue par les proches de la victime, mais aussi par l’ensemble des habitants de la cité gantière. Tous attendent des réponses et notamment la manifestation de la vérité quant à l’identité de l’auteur des coups mortels.
Vingt-trois personnes sont suspectées et mises en examen dans une expédition punitive qui avait coûté la vie le 8 mai 2010 à Jean-Ronald, un Millavois de 21 ans, et blessé sérieusement trois amis dans un appartement de la Place Foch, à Millau. Le procès pourrait avoir lieu à l’automne à la salle des fêtes de Rodez.
Après trente mois d’investigations (perquisitions, expertises, reconstitution, etc.) parasitées par de nombreux contentieux et rebondissements juridiques, l’affaire Jean-Ronald voit enfin le bout du tunnel. On a appris mercredi, et de source sûre, que le parquet général de Montpellier venait d’adresser son réquisitoire définitif aux avocats des parties. Ainsi qu’à la juge d’instruction spécialement chargée de récolter l’ensemble des éléments de nature à établir s’il existe des charges suffisantes contre les vingt-trois personnes suspectées et mises en examen dans cette expédition punitive. Pour mémoire, l’assaut avait coûté la vie le 8 mai 2010 à Jean-Ronald, un Millavois de 21 ans, et blessé sérieusement trois amis dans un appartement de la Place Foch.
Rien n’est figé
Sur la base des réquisitions du Procureur mais aussi de ses propres observations, la magistrate du siège doit rendre prochainement son ordonnance d’éventuelles mises en accusation devant la juridiction criminelle. À ce stade, et même si les choses semblent se préciser à l’encontre des principaux protagonistes, rien n’est encore figé. Il n’est pas du tout écrit que l’ensemble des suspects (dont sept détenus) soit renvoyé comme un seul homme devant la cour d’assises de l’Aveyron : certains assaillants peuvent encore bénéficier d’un non-lieu partiel au regard des chefs de mises en examen (assassinat, complicité d’assassinat, complicité d’assassinat et tentative de complicité d’assassinat).
20 tomes de dossiers
Ce n’est qu’à l’issue de cette phase qu’interviendra l’étape ultime, à savoir celle de la manifestation de la vérité et du procès que les amis et les proches de Jean-Ronald attendent aujourd’hui avec impatience. Pas moins de 20 tomes de dossiers seront présentés à l’occasion des débats prévus de se prolonger plusieurs semaines. La salle des Assises du tribunal écartée, car pas adaptée à l’ampleur du dossier, il y a de fortes chances que le procès prenne ses quartiers dans une salle des fêtes. Celle de Rodez est envisagée, tout comme d’autres situées aux alentours. La justice n’a pas encore arrêté de date, du fait des recours encore possibles, mais y réfléchit sereinement. « Au plus tôt, le procès pourra avoir lieu à l’automne, sinon au début de l’année 2014 », nous a indiqué hier soir le procureur de la République de l’Aveyron, Yves Delpérié.
Deux des 23 suspects mis en examen dans l’assassinat de Jean-Ronald d’Haïti, en mai 2010, demandent leur libération.
Visage fermé, mains dans les poches, Taouffik Laanizi s’assied devant la caméra qui le montre, depuis la prison des Baumettes à Marseille, pour cette visioconférence avec la cour d’appel de Montpellier. Cet homme de 31 ans fait partie des 23 suspects mis en examen pour l’expédition punitive qui a coûté la vie le 8 mai 2010 à Jean-Ronald d’Haïti, 21 ans, et blessé sérieusement trois personnes à Millau (Aveyron).
« J’y étais pas ! J’y étais pas ! »
À l’origine du drame, « une rivalité interethnique, avec plusieurs altercations entre les Antillais et les Maghrébins de Millau » résume la magistrate, « sur fond de rivalité amoureuse pour les uns, de concurrence sur trafic de stupéfiants pour d’autres ». Le frère de Taoufik, Mourad, ayant été frappé, « l’ordre de venger l’affront dans le sang a circulé dans Millau » poursuit-elle, rappelant qu’une trentaine de personnes se sont ruées dans l’appartement des Antillais, place Foch, pour un déchaînement d’ultraviolence.
Une jeune femme se casse la jambe en sautant par la fenêtre pour s’enfuir, un de ses amis est grièvement blessé à coups de couteau, tandis que Jean-Ronald, dit Scra, est mortellement poignardé. « Des témoins vous ont identifié, vous êtes désigné par les co-auteurs » rappelle la juge. Sur l’écran, l’homme se fige. Puis hurle : « J’y étais pas ! J’y étais pas ! Vous comprenez pas ou quoi ? » Puis il se lève. « Va te faire enculer ! » La juge : « Non merci. » Fin de la retransmission. L’avocat, Me Scherrer, s’excuse, tente de rattraper l’affaire : « Il est en détention depuis 30 mois, il a le sentiment de ne pas être entendu et ne sait plus comment s’en sortir. »
Sept détenus
Arrive Mourad, le petit frère, détenu à Villeneuve-les-Maguelone, et escorté par les gendarmes. L’accusation est la même, l’attitude est toute autre : « Après la première bagarre, j’avais prévenu les policiers qui n’ont rien fait. J’ai prévenu mes copains que j’allais régler mes comptes. Malheureusement, ils sont venus avec des armes. J’y suis allé pour me battre, mais j’ai tué personne. »
Ils sont encore sept détenus, alors que le 18 octobre, la juge a clos son instruction. « On est désormais en attente des réquisitions du parquet. » Viendra alors l’étape suivante : l’organisation d’un procès-fleuve, qui nécessitera sans doute la location d’une salle spéciale pendant plusieurs semaines à Rodez, pour un procès qui ne pourra sans doute pas être organisé avant l’année 2014.
L’enquête sur le lynchage ayant coûté la vie à Jean-Ronald d’Haïti, un Antillais tué le 8 mai 2010 lors d’une expédition punitive à Millau (froidement abattu dans son appartement de Millau) , serait proche de son terme. La juge d’instruction de Montpellier vient d’annoncer qu’elle envisageait de clôturer ses investigations d’ici deux mois. Elle pourrait également renoncer à l’idée d’organiser une reconstitution des faits, qui s’étaient déroulés dans le centre de Millau.
La victime avait été agressée à son domicile, et deux autres personnes au moins avaient été blessées, l’une en sautant par le balcon pour s’échapper, l’autre de plusieurs coups de couteau dans la rue. Au total, 23 personnes sont mises en examen dans ce dossier, et sept sont toujours en détention, l’un des suspects ayant été remis en liberté hier par la chambre de l’instruction de Montpellier.
L’assassinat de Jean-Ronald n’a pas fini de faire couler de l’encre. Hier, à la lumière des nouveaux rebondissements relayés dès lundi dans nos colonnes, le procureur adjoint de la République Patrick Desjardins a bien voulu faire le point sur les investigations menées dans cette affaire constituant, actuellement, le plus gros dossier criminel instruit par la cour d’appel de Montpellier.
1. Un mort et 24 personnes mises en examen
Depuis le début de la semaine, trois nouvelles personnes appartenant, dixit le magistrat, « à la même mouvance que les premiers incarcérés », ont été interpellées conjointement par les enquêteurs de la PJ de Toulouse et leurs collègues du commissariat millavois. Résidant dans la cité gantière, ces trois suspects ont tous été mis en examen des chefs de complicité d’assassinat et de tentative d’assassinat : deux ont été écroués dans la foulée. Quant au 3e, il a depuis été laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Ce qui porte à 24 le nombre de personnes mises en examen, dont onze dorment actuellement derrière les barreaux de diverses prisons du sud de la France.
2. L’ADN a parlé
Pour arriver à déterminer qui à fait quoi durant cette expédition punitive, les enquêteurs ont fait appel en avril dernier à des experts du laboratoire bordelais de Christian Doutremepech. Grâce à ses conclusions remises cet été sur le bureau du juge d’instruction, l’ADN de deux suspects de type masculin a ainsi été identifié à l’intérieur de l’appartement de Jean-Ronald, ainsi que sur le short que la victime portait le soir où elle a été laissée pour morte. Ces derniers, incarcérés dans la foulée, avaient pourtant juré n’avoir jamais pénétré sur le lieu du crime. Cette semaine, ce sont encore ces prélèvements scientifiques d’indice qui ont accouché à l’arrestation de trois nouveaux protagonistes, lesquels ont la particularité de n’avoir jamais été inquiétés dans ce dossier. On ne peut pas exclure que d’autres têtes tombent dans les mois à venir…
3. Une attaque planifiée mais des rôles encore flous
Si le caractère planifié, voire organisé de l’attaque ne fait plus l’ombre d’un doute, les enquêteurs éprouvent encore de grandes difficultés à établir les responsabilités des uns et des autres. Seize mois après la mort de Jean-Ronald, les suspects se retranchent toujours dans le silence, laissant planer le mystère sur l’identité de celui qui aurait porté les coups de couteau mortels. Du moins, jusqu’ici. En effet, les récentes arrestations venues couronner « le travail phénoménal » des enquêteurs risquent de perturber sérieusement la défense des inculpés. Qui doivent tous être réentendus prochainement.
4. Une reconstitution d’ici la fin de l’année ?
Si la tenue d’un procès n’est pas encore à l’ordre du jour, la perspective d’une reconstitution des événements de la nuit du 8 au 9 mai 2010 fait son chemin. Selon le procureur adjoint de Montpellier, celle-ci pourrait intervenir d’ici la fin de l’année dans le cœur de ville et serait accompagnée d’un important périmètre de sécurité dressé par les forces de l’ordre.
Trahis quatorze mois après le crime par une trace infime. La semaine dernière, deux jeunes Millavois ont été incarcérés dans le cadre de l’enquête ouverte sur l’assassinat de Jean-Ronald d’Haïti, victime le 8 mai 2010 à Millau d’une incroyable expédition punitive. Cet Antillais de 21 ans avait été tué à coups de couteau dans son appartement par un groupe d’agresseurs, lesquels avaient aussi laissé pour mort sur la place Foch l’un de ses amis, qui avait fui par la fenêtre.
Pour la justice, ce crime est lié « à un différend entre communauté maghrébine et communauté antillaise, qui s’opposent sur fond de trafic de stupéfiants ». Et cette affaire constitue aujourd’hui le plus gros dossier criminel instruit dans la cour d’appel de Montpellier : 22 personnes ont été mises en examen, dont une dizaine sont toujours derrière les barreaux. L’instruction est complexe. Il va falloir déterminer qui a fait quoi, lors de cette attaque planifiée et organisée, menée dans le but de tuer, alors qu’aucun des suspects n’a reconnu avoir porté les coups de couteau mortels.
Pour cela, des experts du laboratoire bordelais de Christian Doutremepuich ont effectué en avril de nouveaux prélèvements à l’intérieur de l’appartement de Jean-Ronald d’Haïti, ainsi que sur ses vêtements. Début juillet, les résultats arrivent sur le bureau du juge. Stupeur : l’ADN de deux suspects qui juraient n’avoir jamais pénétré dans les lieux a été mis en évidence sur les scellés examinés.
L’une des traces est infinitésimale : une cellule épithéliale, retrouvée sous le bord du short de Jean-Ronald. Début septembre, les deux suspects sont convoqués chez le juge, qui demande et obtient leur incarcération. « Leur participation est visiblement beaucoup plus importante que ce qu’ils indiquaient précédemment », a précisé cette semaine l’avocat général, devant la chambre de l’instruction où l’un d’eux était venu demander sa libération. « Depuis 14 mois, il respecte à la lettre son contrôle judiciaire », a répliqué Me Chaigneau, son avocat.
Début juillet, un autre suspect qui avait bénéficié d’une remise en liberté a été réincarcéré par la justice : il avait été vu à Millau en compagnie de personnes qu’il n’avait pas le droit de rencontrer.
L’enquête est toutefois loin d’être achevée : « Une reconstitution est envisagée avant la fin de l’année, précise une source judiciaire. Mais il va falloir prendre des mesures de sécurité extrêmes. » Le procès, qui est encore dans un avenir lointain, sera de toute façon hors-norme, avec une vingtaine d’accusés à la barre.
Il y a un an, un commando tuait Jean-Ronald chez lui
Il y a un an jour pour jour, Jean-Ronald perdait la vie à l’issue d’un déferlement de violences qui ébranla toute la ville. Depuis, un véritable marathon s’est engagé sur le front judiciaire pour tenter de définir les responsabilités de ce drame sans précédent qui fit une victime à jamais et trois blessés.
En ce jour de triste anniversaire, les amis du défunt – sa famille vit à Saint-Martin – ont décidé d’organiser une cérémonie qui se tiendra vers 19 h sur la place Foch, au pied du petit immeuble où Jean-Ronald, alors âgé de 21 ans, fut lynché chez lui par des agresseurs encagoulés et armés jusqu’aux dents. « Amenez une fleur, une bougie…», indiquent brièvement ses proches sur Facebook.
Le Millavois David B., pour qui cette disparition brutale s’apparente encore à une plaie béante, viendra s’y recueillir. Jusqu’à cette terrible nuit du 8 mai 2010, ils étaient unis comme les deux doigts de la main. « C’est difficile pour moi de parler de Jean-Ronald sans pleurer », avoue douloureusement ce jeune homme de 22 ans. Les médias, à vrai dire, ce n’est pas vraiment sa “came” mais il poursuit l’entretien pour honorer la mémoire de celui qu’il considérait comme un “frère”.
Basile, ami de Jean-Ronald « On s’est connus on avait à peine 5 ans, raconte David. On a grandi ensemble dans la même cité, à Saint-Martin. Puis, je l’ai rejoint à Millau, pour étudier et trouver du travail. C’était un pote. Il savait, rien qu’en me regardant, si je m’étais levé du mauvais pied. C’était le gars le plus gentil que je connaisse. Aujourd’hui, comment pourrais-je l’oublier ? Chaque jour qui passe, je pense à lui. »
« Entre ce qui est arrivé dans notre pays et la mort de “Scra”, ce fut une année très difficile pour notre communauté », confie ensuite Basile, un jeune Haïtien qui jouait régulièrement au foot avec “Scra”.
Le soir de l’expédition punitive menée, selon la chambre de l’instruction, « sur fond de rivalité entre communautés antillaise et maghrébine », Jean-Ronald avait décidé de passer la soirée chez lui devant une série télé, avec quatre amis. David, lui, dormait chez sa copine. La tragédie, « je l’ai apprise par téléphone, se souvient ce dernier. Je me suis rendu aussi vite que j’ai pu sur la place et j’ai compris en voyant l’ambulance. Pour être honnête, jusque-là, on ne prenait pas vraiment au sérieux les menaces des gars de Malhourtet. »
Aujourd’hui, David enchaîne les petits jobs dans la restauration, une voie par défaut qu’avait prise également Jean-Ronald. « Je ne demande qu’à avancer, passer à autre chose. Regarder devant moi et profiter de la vie », lâche le jeune homme.
« On fait confiance à la justice. Le jour du procès, je serai là. Et j’espère que les auteurs assumeront. »
David, ami d’enfance Comme beaucoup, il ne souhaite aucunement raviver les braises communautaires éteintes par la marche silencieuse qui rassembla, au lendemain du meurtre, plus d’un millier de personnes dans les rues de la ville. « Depuis la mort de Jean-Ronald, de nombreux Millavois se sont rapprochés de nous », concède Basile. À ce titre, le collectif lancé par Pierre Saïzouno et Yves Iscayes a joué un rôle fondamental pour ces jeunes Antillais installés dans le centre-ville et bien souvent en manque de repères et de perspectives professionnelles.
Reste l’enquête qui piétine, semble-t-il. « On n’est au courant de rien mais je fais confiance à la justice. Le jour du procès, je serai là, assure David. Je veux savoir qui a fait quoi. Et j’espère que les auteurs assumeront. » Pour l’heure, vingt et un individus – dont quatre mineurs – ayant participé de près ou de loin à ce commando punitif ont été mis en examen par les deux juges d’instruction en charge du dossier. Parmi les suspects présumés, huit des principaux protagonistes dorment actuellement en prison. Pour autant, aucun n’aurait encore reconnu les coups de couteau portés sur Jean-Ronald.
Édition du mercredi 22 septembre 2010
La semaine dernière, en toute discrétion, les hommes de la PJ de Toulouse, épaulés par les policiers millavois, ont procédé à une nouveau coup de filet dans le cadre de l’enquête sur la mort de Jean-Ronald, un jeune antillais de 21 ans tué dans la nuit du 8 au 9 mai, Place Foch, à Millau.
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