L’esclavage un tabou à Mayotte


Pourquoi la traite arabo-musulmane est-elle si peu connue et étudiée, sinon carrément occultée ?
Tidiane N’Diaye :
 « En fait cette traite, qu’il est difficile de ne pas qualifier de génocide de peuples noirs par massacres, razzias sanglantes puis castration massive, chose curieuse, très nombreux sont ceux qui souhaiteraient le voir recouvert à jamais du voile de l’oubli, souvent au nom d’une certaine solidarité religieuse, voire idéologique. C’est comme un pacte virtuel scellé entre les descendants des victimes et ceux des bourreaux, qui aboutit à ce déni. L’entente tacite est bien réelle. Parce que dans cette sorte de « syndrome de Stockholm à l’africaine », Arabo-musulmans et Africains convertis s’arrangent sur le dos de l’Occident. Les descendants des victimes sont devenus des obligés, amis et solidaires des descendants des bourreaux, sur qui ils décident de ne rien dire. Ce silence ou la sous-estimation du mal arabe permet de mieux braquer les projecteurs, uniquement sur la traite transatlantique. Ceci comme un ciment devant réaliser la fusion des Arabes et des populations négro-africaines, longtemps « victimes solidaires » du colonialisme occidental. »
 
« Alors, que des lettrés et autres intellectuels arabo-musulmans, tentent de faire disparaître jusqu’au simple souvenir de cette infamie, comme si elle n’avait jamais existé, peut encore se comprendre. Ces derniers ne se décident toujours pas à regarder leur histoire en face et à en débattre avec leurs compatriotes. Ce qui explique que ce pan de l’histoire de l’humanité, reste encore profondément enfoui dans la mémoire coupable de ces peuples qui en sont responsables. En revanche, il est difficile de comprendre l’attitude de nombreux chercheurs – et même d’Africains américains qui se convertissent de plus en plus à l’Islam – qui n’est pas toujours très saine et fortement animée par une sorte d’autocensure. Comme si évoquer le passé négrier des Arabo-musulmans revenait à essayer de minimiser la traite transatlantique. C’est ainsi qu’un voile de silence a longtemps recouvert cette sombre page de notre histoire commune, parce qu’on y observe une étrange amnésie même de la part des élites noires. Elles ont du mal à passer d’une vision mémorielle affective de ce génocide, pour des raisons de solidarité religieuse, à tout simplement une approche distanciée et scientifique de l’histoire qui elle, ne traite que de faits avérés, comme c’est le cas pour la traite transatlantique. Voilà pourquoi le but de mon travail à travers cet ouvrage est tout simplement de lever le voile et sans complaisance, sur cette sombre page de notre histoire commune, pour éviter aussi que le travail de mémoire engagé sur les traites négrières et plus généralement sur le martyr des peuples noirs, ne continue que dans un sens hypocritement sélectif en braquant uniquement les projecteurs sur le crime des Occidentaux. Car à mon sens, par une telle approche, la démarche historique ne saurait en aucun cas en être éclairée. »   


Le 27 avril marque la commémoration de l’abolition de l’esclavage à Mayotte, une date très peu connue dans le 101eme département.

Kalathoumi Abdil-Hadi  • Publié le 27 avril 2024 à 13h19, mis à jour le 27 avril 2024 à 14h12

Le 27 avril, on commémore l’abolition de l’esclavage, mais ici à Mayotte, cette date ne fait pas référence au 27 avril 1848, date de la promulgation par Victor Schœlcher, du décret interdisant la traite négrière en France. 

Cette date renvoie au 27 avril 1846, date de l’abolition de l’esclavage, à titre expérimental, à Mayotte par le baron Mackau, ministre de la Marine et des Colonies. 

Cette date a été choisie en 1982 par nos élus quand on commençait à s’intéresser à ce sujet de l’esclavage. La suite France la 1ère TV Info

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