D’après RTL ce matin, la famille de Bilal Hadfi, un des kamikazes du Stade de France et celle de Samy Amimour, qui a participé à la tuerie au Bataclan, se sont manifestées. D’après l’avocat de la famille Amimour, les proches souhaitent récupérer la dépouille pour« l’inhumer en toute discrétion ». L’homme vivait à Drancy. La mairie affirme ne pas avoir été contactée par la famille pour un éventuel enterrement sur la commune.
Parmi les dix terroristes décédés, il est probable qu’Omar Ismaïl Mostefaï soit enterré en France. Le djihadiste mort au Bataclan est né à Courcouronnes et vivait à Chartres. D’après la mairie, il n’y résidait plus depuis quelques mois, ce qui pourrait bloquer toute sollicitation pour une inhumation car la Ville exige des justificatifs de domicile récents. « À ce jour, nous n’avons reçu aucune demande de la part de la famille », précise Marina Kolla, directrice des formalités administratives à la mairie de Chartres.
Quant aux autres terroristes, ils résidaient en Belgique. Leurs corps sont susceptibles d’y être envoyés, « sauf si les familles, dans une démarche pour le moins machiavélique, demandent à ce que l’enterrement se fasse sur le lieu du décès », avance Jean-Luc Bringuier. La Belgique peut-elle refuser d’accueillir les dépouilles ?« Je ne connais pas suffisamment la législation belge », indique le spécialiste qui plaide pour une harmonisation européenne à ce propos.
Deux corps n’ont toujours pas été identifiés. « Pour le moment ils sont encore à l’institut médico-légal. On dispose d’équipements réfrigérés qui permettent de conserver les cadavres sur une longue période. Dans ces affaires, il y a de nombreuses autopsies et contre-expertises. Si à la fin de la procédure les corps ne sont pas identifiés, ils seront enterrés en terrain commun, un espace obligatoire dans chaque cimetière communal prévu surtout pour les SDF qu’on retrouve mort, sans papiers d’identité. »
Personne ne sait que faire des dépouilles des tueurs. « Ce ne sont pas des soldats morts au combat, qui incarneraient leur nation. Les djihadistes s’engagent dans une guerre qui n’est pas reconnue », explique Riva Kastoryanos, directrice de recherche au CNRS et spécialiste des minorités, des diasporas en Europe, dans son dernier livre consacré au djihadisme et à la question de l’enterrement des corps des kamikazes. Le corps d’Oussama Ben Laden avait été jeté à la mer, une réponse symbolique à la mondialisation du djihad, d’après la chercheuse. « Jeter un corps à la mer, c’est faire en sorte que l’ennemi ne laisse aucune trace sur terre. »
La famille de Mohamed Merah, le terroriste de Toulouse, voulait que son corps soit rapatrié en Algérie, son pays d’origine. Alger avait refusé la demande, estimant qu’il avait grandi et s’était radicalisé en France. Il a été inhumé dans le carré musulman du cimetière de Cornebarrieu, en Haute-Garonne.
Les funérailles des terroristes des attentats de janvier ont été discrètes. La commune de Reims avait d’abord refusé d’accueillir la sépulture de Saïd Kouachi avant d’y être contrainte par la loi. Chérif Kouachi a été enterré à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), dans la nuit, sans aucun proche présent. En conformité à la loi, la mairie de Paris a été tenue d’accueillir le corps d’Amedy Coulibaly tué lors de l’assaut du Raid contre l’Hypercacher. Le Mali, son pays d’origine avait refusé la dépouille. Il a été enterré dans le cimetière parisien de Thiais. Toutes ces tombes sont anonymes.
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