Propos recueillis par F.-X.G – http://www.guadeloupe.franceantilles.fr/
DANIEL DALIN, Président du Collectifdom.
« On a été vendu une deuxième fois »
Des propos jugés diffamant sur les descendants d’esclaves avaient entraîné des protestations. La Fondation du mémorial pour la traite des Noirs a retiré sa plainte. Vous, que faites-vous de votre citation directe ? Est-ce toujours d’actualité le 2 septembre prochain devant la 17e chambre correctionnelle de Paris ?
Plus que jamais! Heureusement que le Collectifdom n’est pas une association girouette. Pour rappel, nous avons adressé une citation directe à comparaître à Jean-Sébastien Vialatte, député UMP du Var, auteur du tweet : « Les casseurs sont sûrement des descendants d’esclaves, ils ont des excuses ?#Taubira va leur donner une compensation! » Nous pensons qu’il faut condamner de manière pénale ces comportements. Si Vialatte s’est dépêché de signer un protocole avec le président de la Fondation du mémorial pour la traite des Noirs, c’est parce qu’il sait très bien qu’il est allé trop loin et que, devant la justice, il se fera condamner. A-t-on le droit de dire que les descendants d’esclaves étaient les casseurs du Trocadéro ? On a été vendus une deuxième fois par ceux dont les aïeux nous ont déjà vendus, il y a quelques siècles ?
Il y a quelques mois, vous avez porté plainte contre l’humoriste Nicolas Bedos pour des propos publiés dans Marianne que vous avez estimés racistes. Qu’en est-il ?
Un juge d’instruction a été nommé et la plainte suit son cours. J’ai bien reçu de temps à autres quelques appels pour me dire qu’on ne peut pas tuer l’humour… Je répète, comme dans l’affaire Vialatte, qu’il faut créer les conditions de jurisprudence pour que les racistes soient condamnés.
Le Cran a organisé la pose de la première pierre d’un musée de l’esclavage et de la colonisation au Trocadéro, la veille de l’anniversaire de la naissance de Césaire. Pourquoi ne pas vous être associés au Cran qui mène souvent les mêmes combats que le Collectifdom ?
Le Cran est spécialiste des rideaux de fumée. Le Conseil représentatif des associations noires de France a déposé une plainte contre la Caisse des dépôts pour sa participation à la ruine d’Haïti. Tout le monde sait bien que cette plainte n’a aucune chance d’aboutir. Même s’il y a des combats communs que nous aurions pu mener ensemble, une association qui est basée sur la couleur de peau n’est là que pour racialiser la population française. Au moment où l’on parle de supprimer le mot race de la Constitution, l’expression « associations noires de France » , ça ne peut pas coller avec les conceptions du Collectifdom.
Propos recueillis par F.-X.G., à Paris
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